Nous avons rapporté récemment le cas d'une patiente qui a connu trois épisodes d’insuffisance rénale aigue consécutifs à un lissage capillaire "brésilien". La crème utilisée contenait de l'acide glyoxylique, dont l’utilisation a été brevetée comme produit de lissage capillaire. Une étude antérieure avait évoqué la possibilité que l’acide glycolique présent dans des produits de lissage soit une cause de néphropathie oxalique mais celui-ci est présent dans de nombreux cosmétiques et n’a pas fait l’objet d’une inquiétude particulière.
L’objectif était d’évaluer la néphrotoxicité éventuelle de l’application cutanée d’acide glyoxylique ou d’acide glycolique, dans un modèle murin.
Quatre groupes de souris (n= 5/groupe) ont été exposés à une application topique (i) du produit de lissage incriminé chez la patiente, (ii) d'une crème contenant 10 % d'acide glyoxylique, (iii) d'une crème contenant 10 % d'acide glycolique ou (iv) d'une crème « contrôle ».
Les souris dont la peau a été exposée au produit de lissage ou à l'acide glyoxylique ont toutes développé en 24 heures une néphropathie oxalocalcique, caractérisée par une insuffisance rénale aigue, par l’apparition de cristaux d’oxalate de calcium dans l’urine et par la présence d’une précipitation massive d’oxalate de calcium dans les tubules rénaux. Les dépôts oxalocalciques ont été caractérisés par microscanner, par l'histologie et par microscopie infrarouge. Les souris exposées à l’acide glycolique ou à la crème contrôle n’ont développé aucune lésion.
L'acide glyoxylique est absorbé par la peau, métabolisé en oxalate et favorise la cristallisation de l'oxalate de calcium dans l'urine. L’acide glycolique ne semble par contre pas toxique. Les produits cosmétiques contenant de l'acide glyoxylique sont donc une cause de néphropathie oxalocalcique méconnue et doivent être retirés du marché.
