La néphropathie à BK virus (BKVN) est classiquement diagnostiquée dans le contexte d’une transplantation rénale. Toutefois des BKVN affectant les reins natifs ont été décrites dans la littérature et la dernière revue systématique réalisée en 2019 rapportait quelques 65 cas documentés et publiés dans le monde (Shah A et al. Transpl Infect Dis. 2019). L’objectif de notre étude est de connaitre la prévalence des cas de BKVN sur reins natifs diagnostiqués en France et de décrire la population et l’évolution des patients concernés.
Il s’agit d’une étude descriptive rétrospective multicentrique française.
Chaque centre français de pathologie rénale a été contacté afin d’identifier les cas adultes et pédiatriques de BKVN prouvée histologiquement. Les critères d’exclusion étaient l’absence de biopsie rénale, l’antécédent de transplantation rénale ainsi qu’une BK virémie négative ou non réalisée au moment du diagnostic.
Trente-deux patients ont été identifiés au sein de 17 centres français différents. Tous avaient un contexte d’immunosuppression sous-jacent : 17 (53%) étaient transplantés d’organe solide (15 transplantés pulmonaires, un transplanté cardiaque et un transplanté hépatique), 13 (41%) présentaient des hémopathies dont 9 étaient allogreffés de moelle et 2 patients présentaient une infection VIH préalable. La créatininémie au diagnostic était en moyenne de 207 ± 69mmol/L, la protéinurie médiane de 0.5g/g [0.1-0.5] et la BKvirémie moyenne de 6.0 ± 0.98 log. La médiane de suivi après la biopsie était de 50 mois [31-136]. Treize patients (41%) ont évolué vers l’insuffisance rénale chronique terminale dont 2 (6%) ont été transplantés rénaux. Dix patients (31%) sont actuellement décédés, dans un délai de 18 mois en moyenne suivant le diagnostic histologique de BKVN.
La néphropathie à BK virus sur reins natifs est une affection rare et de mauvais pronostic. Son diagnostic est probablement sous-estimé, atteignant des patients fortement immunodéprimés et présentant de multiples facteurs d’agression rénale concomitants.