L’hypomagnésémie est associée à une augmentation de la morbi-mortalité chez les patients hémodialysés chroniques. Dans cette population, la magnésémie dépend de la concentration de Mg2+ dans le dialysat et de son absorption intestinale, qui est diminuée par la prise chronique d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), largement utilisés chez ces patients.
Cette étude monocentrique rétrospective a pour objectifs d’identifier les facteurs associés à l’hypomagnésémie chez nos patients dialysés chroniques, notamment la prise prolongée d’IPP et d’évaluer le risque de décès associé à l’hypomagnésémie.
288 patients ont été inclus (64% d’hommes ; âge moyen 60±16 ans). 42% étaient diabétiques, 78% hypertendus et 19% présentaient une cardiopathie ischémique. La médiane de la durée de dialyse avant l’inclusion était de 15 mois (IQR 3-47).
La magnésémie moyenne à l’inclusion était de 0.88±0.15mmol/L. 19% des patients présentaient une hypomagnésémie (seuil du laboratoire <0.73mmol/L) et 79% des patients avaient une magnésémie <1mmol/L (seuil associé dans des études précédentes à un facteur de risque indépendant de morbi-mortalité). 178 patients (62%) prenaient des IPP au long cours, dont 39% à double dose. Seulement 33 patients (18.5%) avaient une indication validée de maintien d’IPP au long cours. La diminution de la magnésémie (<1 et <0,73mmol/L) était indépendamment associée à la prise d'IPP mais pas au diabète ni à la durée de dialyse. Au cours du suivi (médiane de 24 mois), 72 patients sont décédés (27%), dont 15% de cause cardiovasculaire. L’hypomagnésémie ou une magnésémie <1mmol/L étaient indépendamment associées au risque de décès.
L’hypomagnésémie était associée au risque de décès chez nos patients hémodialysés. Le seul facteur associé à l’hypomagnésémie était la prise d’un IPP, dont l’indication au long cours n’était pas validée pour 81,5% des patients, ce qui doit nous inciter à revoir nos pratiques de prescription.