L'atteinte rénale au cours des lymphomes B (LB) peut procéder de plusieurs mécanismes. L’infiltration spécifique a été essentiellement rapportée chez des patients souffrant de LB de haut grade, tandis qu'on considère les néphropathies au cours des LB de bas grade (LBBG) comme généralement médiées par une immunoglobuline monoclonale (MIg). Les LBBG peuvent cependant être responsables d’infiltrations de diagnostic histologique souvent difficile qui ne doivent pas être confondues avec une inflammation aspécifique.
Etude rétrospective multicentrique exhaustive des biopsies rénales (BR) prélevées de 2002 à 2022 avec diagnostic antérieur ou concomitant de LBBG.
Relecture des BR par un néphropathologiste et un hématopathologiste. Les infiltrats observés ont été étudiés par immunohistochimie pour confirmer leur caractère lymphomateux, et classés selon le pattern histologique d'infiltration.
L’étude a inclus 67 patients de 72 ans d'âge médian, souffrant de LB lymphoplasmocytaire (35.8%), leucémie lymphoïde chronique (37,3%), LB de la zone marginale (10,4%), LB folliculaire (7,5%) ou d’autre type (9%). Vingt-deux patients (32,8%) avaient une néphropathie en rapport avec une MIg, 41 patients (61,2%) présentaient une infiltration. La BR a mené à une indication ou un changement de traitement du LBBG chez 60% des patients. Parmi les patients avec infiltration, seuls 15,4% avaient une anomalie radiologique évocatrice. Deux patients présentaient une localisation rénale purement intracapillaire, jamais rapportée au cours des LBBG, confirmée par étude de la clonalité. Leur fonction rénale s’est améliorée après traitement du lymphome.
Chez les patients avec LBBG subissant une BR, l’infiltration est fréquente, de diagnostic parfois difficile et mène souvent à un changement de traitement. La collaboration étroite entre clinicien, pathologiste et biologiste est essentielle.