Les néphrites interstitielles aiguës (NIA) sont caractérisées par un infiltrat inflammatoire au sein de l’interstitium et des tubules, et constituent un groupe hétérogène de maladies dont les mécanismes ne sont pas entièrement élucidés. L’hématopoïèse clonale de potentiel indéterminé (CHIP) est un concept de développement récent, et correspond à un stade pré-cancéreux défini par la survenue de mutations somatiques au sein des progéniteurs myéloïdes (polynucléaires et monocytes). Elle s’associe à des dysrégulations de l’immunité innée et à un risque d’hémopathie myéloide.
Cette étude a pour objectif la caractérisation des NIA aseptiques avec infiltrat à polynucléaires neutrophiles.
Étude rétrospective monocentrique incluant les patients présentant une NIA avec infiltrat à polynucléaires neutrophiles (PNN), en l’absence de toute cause infectieuse identifiée (NIA-PNN). La présence d’une CHIP a été recherchée dans le sang, la moelle osseuse et/ou sur tissu rénal par un panel NGS ciblant 67 gènes impliqués dans les hémopathies myéloïdes.
21 patients avec NIA-PNN ont été identifiés (âge médian 69 ans, sex ratio H/F 0,5). Un panel NGS myéloïde a été réalisé sur prélèvement sanguin ou médullaire chez 15/21 patients, permettant l’identification d’une CHIP chez 12 d’entre eux. Les gènes les plus fréquemment mutés étaient DNMT3A (7/12) et TET2 (3/12), avec une fréquence allélique (VAF) allant de 2 à 34%. Chez 3 patients, un NGS myéloïde a été réalisé sur ADN extrait de l’échantillon rénal et retrouvait le même variant que dans le sang à des VAF significatives (1.5 à 16% de l’ADN rénal total), suggérant une infiltration rénale par le clone myéloide pré-cancéreux.
Ces résultats suggèrent que la prévalence de la CHIP est importante chez les patients présentant une NIA-PNN, et que le rein peut être la cible d’une infiltration spécifique par des cellules myéloïdes clonales.