Claude HURIET (1930-2024)

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Le Professeur Claude HURIET est décédé le 27 octobre 2024. Après l’avoir créé, il a dirigé le service de néphrologie au Centre Hospitalier Universitaire de Nancy jusqu’en 1996. Pionnier des années 1960, alors que la dialyse est essentiellement vue comme une thérapeutique temporaire donnant de spectaculaires résultats dans l’insuffisance rénale aiguë, il mesure très tôt les enjeux du remplacement définitif de la fonction rénale. C’est ainsi qu’il crée simultanément l’unité de dialyse hospitalière (Hémo- et DP) et l’association pour la dialyse hors centre : ALTIR (Association Lorraine pour le Traitement de l’Insuffisance Rénale). Ne s’arrêtant pas à la dialyse, il mobilise chirurgiens et hématologues pour planifier la première transplantation rénale « Donneur décédé » qui aura lieu le 9 octobre 1970, véritable exploit médical, puisque Nancy est la seconde ville de province - juste après Toulouse - à réaliser une transplantation. Avec son soutien indéfectible, Michèle KESSLER, sa fidèle collaboratrice, et Jacques CHANLIAU vont décupler les intuitions de Claude HURIET, notamment en innovant sur la planification de la filière MRC (épidémiologie, registre, réseau, télémédecine, éducation thérapeutique…) à l’échelle d’un large espace géographique.
Claude HURIET a aussi eu une vie politique bien remplie au sens noble du terme ! Sénateur de 1983 à 2001, il porte, avec son collègue Sérusclat, la loi de 1988, « relative à la protection des personnes dans le recherche biomédicale ». Cette loi fondatrice a transformé la pratique des essais cliniques, en instaurant un devoir d’information écrit vis-à-vis des personnes participant à ces recherches, ainsi que l’obligation de recueil d’un consentement écrit. Elle créait aussi les comités consultatifs de protection des personnes dans la recherche médicale (CCPPRB), aujourd’hui CPP. Par la suite, Claude HURIET a été à l’origine de nombreuses propositions de loi originales, par exemple sur l’indemnisation des aléas thérapeutiques, conduisant à la création de l’ONIAM (Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales), qu’il a présidé de 2002 à 2008.
On ne peut citer tous les engagements et responsabilités tenus par Claude HURIET au cours d’une vie entièrement dévouée à l’amélioration des soins aux patients – certains lui doivent d’avoir survécu plusieurs dizaines d’année à l’urémie terminale -, mais aussi à l’éthique, consubstantielle de la néphrologie.
Une personnalité exemplaire et inspirante.


Luc FRIMAT, chef du Service de Néphrologie du CHRU de Nancy

 

(Crédit photo : ©Pedro Lombardi / Institut Curie)