Néphrologie verte : « les valeurs du soin sont-elles des valeurs de l’écologie » (session n°4)

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Néphrologie verte : « les valeurs du soin sont-elles des valeurs de l’écologie » 

Présentation

La planète se réchauffe, la terre s’épuise. L’hôpital souffre, les soignants s’essoufflent.

Deux milieux, même monde, même constat : partout règnent la frénésie de la mise en objets, et la tyrannie de la rationalité comptable, au mépris de la dynamique du vivant humain et non-humain. Il existe en effet une standardisation de nos pratiques de plus en plus envahissante avec une prolifération d’indicateurs, de normes et de protocoles qui sont à l’origine d’un désenchantement des soignants. Derrière tout cela, une rationalité néolibérale diminue les effectifs, augmente les rendements et entraîne une perte de sens de la vocation soignante.

 Or, « envers et malgré tout », il persiste des ilots de résistance et de générosité chez les professionnels de santé. Les médecins et les soignants maintiennent des hospitalités coûte que coûte et demeurent capables de donner du temps malgré les accélérations chronométriques. Cette persévérance extravagante à donner, accueillir et prendre soin fait des soignants de grands combattants de la démocratie. Notre devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » pourrait aussi s’écrire « Valeurs du soin, Egalité, Fraternité ». Comme nous essaierons de le clarifier ensemble, les valeurs du soin sont des valeurs de la démocratie, mais plus encore, si on les théorise philosophiquement, elles sont des valeurs de l’écologie.

Le soin, c’est un « faire des soins » technicien, mais c’est aussi un « prendre soin », c'est-à-dire une présence sensible qui nous enseigne une manière d’être au monde. Le soin, c’est une gestion administrative des hôpitaux et une économie monétaire, c’est aussi une économie du don et la circulation de contre-don. Le soin, c’est un accueil et une hospitalité. Soigner, c’est aussi une habitabilité commune, on rend le monde habitable pour la personne accueillie. Soigner, c’est une responsabilité à l’égard d’une vulnérabilité. Toutes ces compétences relationnelles et ces modes de vie gagneraient à être élargis des humains aux non humains, du proche au lointain, du visage au paysage.

Ainsi, nous vous proposons un cycle de réflexion de philosophie contemporaine à partir des valeurs du soin. Durant cinq séances, où alternerons débats libres et conférences, nous interrogerons le sens de nos pratiques et montreront en quoi les professionnels de santé (avec les valeurs du soin) détiennent dans leur main, le cœur du réacteur de la conversion écologique, qui est en réalité une révolution anthropologique dont les soignants, sans le savoir, ont les clefs pour sauver l’habitabilité du monde et le soin de notre monde commun présent et à venir.

 Cette démarche philosophique sera différente mais complémentaire des actions technico-scientifiques qu’entreprend la néphrologie verte. Pour chaque atelier : animation de débats et éclairage philosophique autour d’une thématique.

Les intervenants :

- Animateurs : Bruno Dallaporta, néphrologue, docteur en éthique médicale, et Faroudja Hocini, philosophe
- Modérateur : Emmanuel Dupuis, néphrologue, Agnès Caillette- Beaudoin, néphrologue, Anne-Laure Camarroque, DU environnement et hôpital
- Responsable : Pr Maryvonne Hourmant.

PROGRAMME DU 6 Avril 2023 (17h-18h30)

Il sera animé par Hafsah Hachad, néphrologue, thèse de science en cours sur la thématique : néphrologie et écologie, Faroudja Hocini et Bruno Dallaporta

La crise écologique actuelle nous impose d'interroger notre rapport à la technique et à questionner cette idée, aujourd'hui largement répandue, que l'innovation est automatiquement synonyme de progrès. En dialyse, cela se traduit par une dépendance accrue à des équipements médicaux donnés comme de plus en plus performants mais qui apportent leurs lots d'externalités négatives qu'il s'agit de ne pas méconnaître, qui redessinent l'acte de soigner en déplaçant l'attention du soignant du patient vers la machine. A cela s'ajoute une complexification croissante de l'outil dont on peut se demander à quels besoins réels elle répond.

Il ne s'agit pas ici de faire une critique facile de la technique en refusant de reconnaître les progrès importants qu'elle a permis dans la prise en charge des patients. Mais d'ouvrir le débat sur le statut de l'objet technique en dialyse.

L'idée est enfin de réussir à tisser des liens avec ce que ce questionnement dit de notre rapport à la technologie et à la machine au-delà de l'exercice médical. De pouvoir interroger la toute puissance illusoire du techno-solutionnisme en tant que moteur de la crise actuelle et frein majeur à sa résolution.

Participer à la réunion Zoom

https://us02web.zoom.us/j/86726076836?pwd=MEFxT3ZQMVFTQkNVQTNNWmtnYlJYdz09

ID de réunion : 867 2607 6836

Code secret : 408762