Néphrologie verte : « les valeurs du soin sont-elles des valeurs de l’écologie » (session n°1)

Informations

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1ère séance : LA RESPONSABILITE A L'EGARD DE LA VULNERABILITE DU VIVANT

Mercredi 12 octobre de 17h00 à 18h30

On parle beaucoup de dialyse éco-responsable et de néphrologie responsable. En réalité, la responsabilité est un concept philosophique très puissant. La responsabilité est à la fois morale mais aussi éthique, c’est-à-dire qu’elle est une responsabilité vis-à-vis de la vulnérabilité des personnes malades à laquelle les soignants s’accordent spontanément. Toutefois cette responsabilité doit être aujourd’hui refondée afin d’être élargie aux écosystèmes et au vivant vulnérable. 

Depuis le XXe siècle, la technique a changé d’échelle de puissance : nos actions ont des effets considérables à distance dans l’espace, dans le temps et dans les espèces phylogénétiques. Mais nous ne ressentons pas immédiatement les conséquences de nos extractions, de nos flux de circulation d’objets, et de nos consommations. Cette dissonance cognitive doit nous amener à refonder toute la question de la responsabilité afin d’imaginer une structure d’accueil dans nos imaginaires, pour le lointain vulnérable.

La destination de cette première séance sera de montrer que les valeurs du soin – telle la responsabilité à l’égard de la vulnérabilité des personnes malades -   du prochain - si on les thématise philosophiquement, peuvent être élargies au vivant vulnérable.  Le soin qu’on porte au corps malade a quelque chose à nous dire sur le soin à porter à la terre malade.

Néphrologie verte : « les valeurs du soin sont-elles des valeurs de l’écologie » 

Présentation

La planète se réchauffe, la terre s’épuise. L’hôpital souffre, les soignants s’essoufflent.

Deux milieux, même monde, même constat : partout règnent la frénésie de la mise en objets, et la tyrannie de la rationalité comptable, au mépris de la dynamique du vivant humain et non-humain. Il existe en effet une standardisation de nos pratiques de plus en plus envahissante avec une prolifération d’indicateurs, de normes et de protocoles qui sont à l’origine d’un désenchantement des soignants. Derrière tout cela, une rationalité néolibérale diminue les effectifs, augmente les rendements et entraîne une perte de sens de la vocation soignante.

 Or, « envers et malgré tout », il persiste des ilots de résistance et de générosité chez les professionnels de santé. Les médecins et les soignants maintiennent des hospitalités coûte que coûte et demeurent capables de donner du temps malgré les accélérations chronométriques. Cette persévérance extravagante à donner, accueillir et prendre soin fait des soignants de grands combattants de la démocratie. Notre devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » pourrait aussi s’écrire « Valeurs du soin, Egalité, Fraternité ». Comme nous essaierons de le clarifier ensemble, les valeurs du soin sont des valeurs de la démocratie, mais plus encore, si on les théorise philosophiquement, elles sont des valeurs de l’écologie.

Le soin, c’est un « faire des soins » technicien, mais c’est aussi un « prendre soin », c'est-à-dire une présence sensible qui nous enseigne une manière d’être au monde. Le soin, c’est une gestion administrative des hôpitaux et une économie monétaire, c’est aussi une économie du don et la circulation de contre-don. Le soin, c’est un accueil et une hospitalité. Soigner, c’est aussi une habitabilité commune, on rend le monde habitable pour la personne accueillie. Soigner, c’est une responsabilité à l’égard d’une vulnérabilité. Toutes ces compétences relationnelles et ces modes de vie gagneraient à être élargis des humains aux non humains, du proche au lointain, du visage au paysage.

Ainsi, nous vous proposons un cycle de réflexion de philosophie contemporaine à partir des valeurs du soin. Durant cinq séances, où alternerons débats libres et conférences, nous interrogerons le sens de nos pratiques et montreront en quoi les professionnels de santé (avec les valeurs du soin) détiennent dans leur main, le cœur du réacteur de la conversion écologique, qui est en réalité une révolution anthropologique dont les soignants, sans le savoir, ont les clefs pour sauver l’habitabilité du monde et le soin de notre monde commun présent et à venir.

 Cette démarche philosophique sera différente mais complémentaire des actions technico-scientifiques qu’entreprend la néphrologie verte. Pour chaque atelier : animation de débats et éclairage philosophique autour d’une thématique.

Les intervenants :

- Animateurs : Bruno Dallaporta, néphrologue, docteur en éthique médicale, et Faroudja Hocini, philosophe
- Modérateur : Emmanuel Dupuis, néphrologue, Agnès Caillette- Beaudoin, néphrologue, Anne-Laure Camarroque, DU environnement et hôpital
- Responsable : Pr Maryvonne Hourmant.

Le public visé

Les conférences sont ouvertes aux néphrologues, infirmiers, aide soignants, patients, directions…

Aucune connaissance en éthique médicale ou philosophie n’est requise.

Les 5 dates 

mercredi 12 octobre, lundi 12 décembre, 30 janvier, 13 mars, 15 mai 2023 de 17h à 18h30, en visioconférence