Vaccination contre la COVID-19 chez les patients dialysés ou ayant une insuffisance rénale sévère

La Société Francophone de Néphrologie Dialyse et Transplantation (SFNDT) recommande fortement de proposer au plus tôt la vaccination contre la COVID-19 aux patients pris en charge en hémodialyse, en dialyse péritonéale et ceux ayant une insuffisance rénale chronique sévère, particulièrement vulnérables et exposés aux formes graves de COVID-19.

La létalité de l’infection COVID-19 est de l’ordre de 15% (1ere et 2ème vagues confondues) chez les patients dialysés (population d’âge médian 72,3 ans), soit du même ordre que celle observée dans les EHPAD et près de 6 fois plus élevée que dans la population générale (2,4%). En ce qui concerne les patients ayant une MRC aux stades 4 et 5, les données de la plate-forme anglaise « OpenSAFELY » indiquent une augmentation de létalité d’un facteur 3,5 quand le DFG est inférieur à 30ml/mn/1.73m2, par rapport à la population générale et après ajustement sur l’âge et le sexe.

L’analyse de la littérature montre que la réponse vaccinale (grippe, hépatites…) est globalement diminuée chez les patients dialysés ou transplantés rénaux. Les patients dialysés n’ont pas été inclus dans les premiers essais cliniques de vaccination Covid-19 ; cependant, la réponse humorale post infection Covid-19 existe bien chez les dialysés (Clarke, JASN 2020). D’autre part, la vaccination revêt un intérêt majeur dans ces populations compte-tenu d’un profil général de sécurité élevé et du haut risque infectieux de ces patients. Plusieurs vaccins COVID-19, actuellement en cours de validation par les autorités de santé, ont montré qu’ils avaient la capacité d’assurer la protection et de réduire la mortalité de patients extrêmement vulnérables. Ces données ne concernent pas encore des populations de patients immuno-supprimés ou insuffisants rénaux. Pour autant, en terme de tolérance, rien ne suggère qu’il y aurait des considérations particulières de sécurité vaccinale sur ces populations de patients.

La campagne de vaccination contre la COVID-19 vient de commencer en France à partir d’un vaccin ARN Pfizer/BioNTech ayant reçu l’AMM conditionnelle en Europe le 21/12/2020 et qui montre une efficacité très élevée avec un taux d’immunisation > 90% après 2 doses injectées à 3 semaines d’intervalle sur des populations de patients volontaires sains.

La campagne de vaccination contre la COVID-19 vient de commencer en France à partir d’un vaccin ARN Pfizer/BioNTech ayant reçu l’AMM conditionnelle en Europe le 21/12/2020 et qui montre une efficacité très élevée avec un taux d’immunisation > 90% après 2 doses injectées à 3 semaines d’intervalle sur des populations de patients volontaires sains.

Le vaccin Moderna COVID-19 mRNA est le second vaccin contre la Covid-19 qui a obtenu une AMM conditionnelle le 6 janvier 2021 dans l’indication « immunisation active pour prévenir la Covid-19 due au virus SARS-CoV-2, chez les personnes âgées de 18 ans et plus ». Le schéma vaccinal en 2 doses à 28 jours d’intervalle induit une réponse en anticorps aussi bien chez les sujets jeunes que chez les sujets âgés et une efficacité de 94,1 % sur la réduction du nombre de cas de Covid-19 symptomatiques à compter du 14ème jour après la seconde dose vaccinale. Le profil de tolérance est également bon.

Etant donné le risque encouru de forme grave de la maladie et la forte mortalité par rapport à la population générale, la SFNDT préconise la vaccination de tout patient dialysé, transplanté ou ayant une insuffisance rénale chronique sévère aux stades 4 et 5, en accord avec la stratégie vaccinale définie par le Ministre de la Santé le vendredi 15 janvier.

Nous encourageons tous les centres de dialyse à organiser sans aucun délai la procédure de vaccination en lien avec leur administration et leur ARS, autour de centres dont la logistique est en place.

 

Recommandations pratiques :

  • En cas d’antécédent d’infection aiguë par le SARS-CoV-2, il apparait que la réinfection est très peu fréquente dans les 90 jours suivant l'infection initiale ; on recommande donc que les personnes ayant une infection aiguë documentée par le SARS-CoV-2 soient vaccinées après ce délai de 90 jours. La vaccination peut être réalisée sans tenir compte des antécédents d'infection asymptomatique par le SARS-CoV-2, et il n'est pas recommandé d’effectuer un test viral ou une sérologie à la recherche d’une infection en cours ou antérieure par le SARS-CoV-2.
  • Si un autre vaccin a été réalisé, attendre un délai de 21 jours
  • Chez les patients immunodéprimés, il n’y a actuellement pas d’argument pour proposer un protocole vaccinal différent du protocole original : soit 2 injections « simple-dose » à 3 semaines d’intervalle.

Aucune maladie auto-immune ou dysimmunitaire n’est une contre-indication à un vaccin inerte ; en revanche, les patients immunodéprimés ne devront pas recevoir de vaccin vivant atténué. Il paraît par contre raisonnable de décaler la vaccination chez les individus en poussée de leur maladie.

  • Concernant les patients atteints de vascularite : la vaccination est hautement recommandée chez les patients atteints de vascularites, quel que soit leur type. En cas de traitement d’induction prévu ou en cours, le GFEV ne recommande pas de modification du schéma thérapeutique et propose la vaccination au plus tôt.

En cas de traitement d’entretien par rituximab, avec une perfusion d’entretien prévue en janvier ou février 2021, le GFEV propose que cette perfusion de rituximab soit décalée de quelques jours/semaines, si cela est possible, pour permettre au vaccin d’être réalisé avant. Il n’est pas possible de recommander une durée validée pour cet intervalle entre le vaccin et la perfusion.

En cas d’entretien par un autre traitement, la vaccination contre le SARS-CoV-2 doit probablement être réalisée sans modification du schéma d’entretien.

 

Protocole vaccinal :

  • La vaccination Pfizer/BioNTech comporte deux injections vaccinales à 3 semaines d’intervalle.
  • L’injection du vaccin doit être faite par voie intramusculaire stricte avec une aiguille de 23G.
  • Chez les sujets présentant un trouble de l’hémostase ou de la coagulation, ou bien chez les personnes sous anticoagulants, la vaccination peut être faite dans le muscle deltoïde avec une aiguille fine, suivie d’une compression forte et prolongée (2 à 5 minutes). Les personnes qui présentent un trouble de l’hémostase ou de la coagulation particulièrement sévère, constituant une contre-indication à l’injection intramusculaire, ne devraient pas être vaccinées, sauf si les bienfaits éventuels l’emportent nettement sur les risques liés à l’administration
  • Chez les patients dialysés, le vaccin peut être réalisé (différentes options)
    • Avant la séance, et sans héparine la 1ère heure, avec une compression de 2 minutes
    • en fin de séance après 3 heures sans héparine et en assurant une compression de 2 à 5 min pour les sujets sous AVK
    • Après restitution
    • Matin : Vaccination après restitution, séance sans héparine écourtée pour éviter coagulation. Après-midi : Vaccination Avant Séance
    • Vaccination coté fistule après 1 heure de séance pour permettre la compression de 5 min par le patient avec aiguille 25G. HBPM demi dose pour cette séance.

 

Effets  indésirables, Contre-Indications, précautions :

  • Les principaux effets secondaires notés sont des douleurs au point d’injection, une fatigue et des céphalées, correspondant à des évènements bénins couramment observés après vaccination. Tout effet indésirable doit faire l’effet d’une déclaration.
  • La vaccination est contre-indiquée aux personnes ayant des antécédents d’allergie sévère à l’un des composants du vaccin.
  • Les réactions allergiques qui ne relèvent pas de l’anaphylaxie ne constituent pas une contre-indication à la vaccination par le vaccin Pfizer-BioNTech Covid-19.
  • En cas de grossesse, l’administration du vaccin est à envisager quand les bénéfices potentiels l’emportent  sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus.

 

Maintien des mesures barrière !

 

Cette recommandation pourra être mise à jour en fonction de l’émergence de nouvelles données, notamment sur les taux de réponse et la sécurité vaccinale chez les dialysés.

 

Références :

https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/groupe-prevention/covid-19/vaccins-covid-19-questions-et-reponses-spilf-24dec2020.pdf?fbclid=IwAR2MW51i5rt5HbDdpQbXqOgNdFOyRO0GpX_2k8FtbCrgOeMLbnFR2N20U5A

https://dashboard.covid19.data.gouv.fr/vue-d-ensemble?location=FRA

https://www.agence-biomedecine.fr/Les-chiffres-du-R-E-I-N

https://www.has-sante.fr/jcms/fc_2875171/fr/resultat-de-recherche?text=d%C3%A9cision+n%C2%B02020.0308%2FAC%2FSEESP+du+17%2F12%2F2020+&tmpParam=&opSearch