Création du groupe FEMKY

Un groupe de femmes néphrologues s’est créé récemment au sein de la SFNDT avec l’ambition d’individualiser les problèmes propres aux femmes et d’y trouver une solution. Ce groupe, appelé "Femky" (pour Femme-Kidney) est composé de femmes à tous les stades de leur carrière de néphrologue, internes inclues.

Il est ouvert à toutes les femmes néphrologues y compris dans les autres pays francophones, qui veulent participer à son développement et son activité, ainsi qu’à toutes celles qui ont besoin d’aide. Les collègues masculins pourront également y prendre part.

Pourquoi créer ce groupe ?

" Chers collègues hommes, n’ayez pas peur ! Nous ne sommes pas fans des théories woke et nous n’allons pas demander à revoir la grammaire pour que féminin + masculin deviennent féminin. Notre première idée est que les femmes néphrologues ont en fait peu de griefs vis-à-vis de leurs collègues masculins mais constatent quand même que certaines disparités dans la carrière et certaines attitudes sexistes persistent.

La position de la femme a considérablement changé et son évolution a renversé la dominance masculine dans de nombreux domaines grâce au basculement du rapport éducatif entre les sexes. Une étude publiée en 2021 (Le Boedec. Plos one 2021. ttps://doi.org/10.1371/journal. pone.0254311 ) nous apprend que 52,5% des PH des hôpitaux français, médecins, pharmaciens et dentistes, sont des femmes, celles-ci représentant aussi 48,6 % des Maitres de Conférence des Universités (MCU). Par contre, le pourcentage s’effondre lorsqu’on considère les postes de Professeurs des Universités (PUPH), 22 % de femmes, même si la correction est en cours (11,2 % en 1999, 33,3 % en 2019). Les chiffres de la néphrologie sont du même ordre, 49,8 % de PH et 24,1 % de PUPH. Les causes sont plurifactorielles. En premier lieu, le temps d’indisponibilité et de mise en suspens de la carrière lors des périodes de  grossesse et d’éducation des enfants en bas âge, une tendance féminine à être moins carriériste mais il existe aussi un manque de confiance et même une méfiance vis-à-vis des femmes, qui se voit bien dans le pourcentage de femmes premier ou dernier auteur d’un article, le pourcentage d’intervenants invités ou de modérateurs dans les congrès etc. Les femmes ont leur part de responsabilité dans cette situation ; elles ont tendance à sous-estimer leurs compétences et à être sujette à ce que l’on appelle le syndrome de l’imposteur. C’est dire l’importance des modèles, c’est à dire des femmes qui ont crevé le plafond de verre et tracé le chemin.

« Me too » et son équivalent français « Balance ton porc » nous ont appris que la violence masculine est toujours présente, dans n’importe quel milieu et sans qu’on réalise qu’on la côtoie parfois au quotidien. Sans aller jusque là, le harcèlement sexuel s’apparentant éventuellement au viol, les attitudes sexistes, salaces et humiliantes, les commentaires déplacés sont tellement fréquents qu’on les a en partie intériorisés et que même les femmes ne les relèvent plus. Deux enquêtes réalisées, l’une par l’Intersyndicale Nationale des Internes en Médecine en 2017 et  l’autre par l’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France en 2021, sont édifiantes. Elles montrent toutes les deux que les auteurs de ces violences sexistes ou sexuelles sont des médecins de la hiérarchie plus que des collègues de même ordre hiérarchique. Une photographie de la situation dans notre communauté de néphrologues ne s’impose donc t-elle pas ?

Ayant fait ce constat, le groupe Femky a rédigé un plan d’actions en 10 points, dont les Femkies voudraient diffuser à tous les néphrologues, femmes ou hommes. "

Le groupe Femky est ouvert à toutes les femmes néphrologues qui veulent participer à son développement et son activité ainsi qu’à toutes celles qui ont besoin d’aide.

FEMKY en 10 actions

  • 1/ Création d’un groupe de travail : le Femky
  • 2/ Création d’un réseau féminin d’influence
    Pour augmenter la promotion et la visibilité des femmes:
    - Mettre en place un véritable réseau et un annuaire Femky sous l’égide de la SFNDT. Femky disposera, comme les autres groupes et commissions, d’un espace dédié, où seront déposés les PV des réunions du groupe, des points d’avancée des projets, des informations utiles, de la bibliographie, des témoignages etc.
    -  Avoir une représentation équilibrée femme-homme dans tout groupe issu de la SFNDT : bureau, CA, groupes de travail, commissions, groupe éditorial de Néphrologie &Thérapeutique
    - Avoir une représentation équilibrée femme-homme dans les postes d’intervenants et modérateurs dans les congrès de la SFNDT
    Inciter les femmes néphrologues à viser les plus hautes fonctions de la SFNDT et faire du lobbying pour aider celles qui en ont l’ambition à y arriver
     
  • 3/ Création d’un réseau de néphrologues femmes mentors
    Dont le rôle sera de conseiller les femmes néphrologues dans leur parcours
    Que ce parcours soit universitaire ou pas . Le mentor peut alors être un non-universitaire 
     
  • 4/ Création d’une cellule d’aide aux femmes néphrologues faisant l’objet de maltraitance ou harcèlement dans leur service.
    Le rôle de la cellule est de recueillir le témoignage de la femme en souffrance, de lui apporter un soutien et de l’orienter dans un premier temps vers les instances appropriées ou la médecine du travail de son institution. En cas d’inefficacité de celle-ci et avec l’accord de la néphrologue concernée, le groupe pourrait être amené à prendre contact, en son nom, auprès de la direction  de l’institution.
     
  •  5/ Information sur les attitudes sexistes
    Conscientes ou pas.
    A destination des femmes (qui laissent passer) comme les hommes
    Lister les attitudes sexistes les plus courantes. En faire un document largement diffusé pour accélérer la prise de conscience. 
     
  • 6/ Ateliers de confiance en soi destinées aux femmes 
    Organiser lors de sessions dédiées des jeux de rôles mettant en scène des situations sexistes
    Organiser des ateliers de communication, de leadership 
  • 7/ Mise en lumière des femmes « modèles »
     
  • 8/ Introduction d’un chapitre « Egalité des sexes en néphrologie » dans la formation des internes en néphrologie
     
  • 9/ Instauration d’une veille sur la disparité des sexes en néphrologie
    Réaliser un état des lieux avec diffusion d’un questionnaire
    Suivi de quelques indicateurs avec newsletter annuelle
     
  • 10/ Mesures ayant trait à la vie privée
    Ayant analysé les causes de disparité, le groupe doit pouvoir proposer des actions de correction.
    La grossesse et l’éducation des enfants en bas âge étant un des principaux obstacles à la carrière des femmes, demander :
    - accès aux crèches des lieux de travail pour les femmes médecins
    - salle d’allaitement
    - prise en compte du nombre d’enfants dans l’évaluation du cursus
    - partage de la durée du congé « maternité » avec le conjoint

contactfemky.sfndt@gmail.com