Jean-Michel DUBERNARD - 1941-2021

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Le 10 juillet 2021 s’est brutalement éteint Jean Michel Dubernard à l’âge de 80 ans alors qu’il s’apprêtait à passer quelques vacances en famille en Turquie. La communauté nationale et internationale de la transplantation se sent aujourd’hui en deuil et certains d’entre nous sont encore sous le choc de cette annonce.

Lyonnais et de père médecin, il sera rapidement passionné par les champs inexplorés de la médecine et de la chirurgie. Épris de recherche expérimentale, il passera plusieurs années à Boston dans l’équipe de Joseph "Joe" Murray, prix Nobel, avec lequel il gardera une relation filiale jusqu’à la fin de sa vie. C’est à Boston qu’il décide de plus spécifiquement polariser son énergie au développement de l’activité de transplantation. Après avoir longuement hésité à rester aux USA, il rentre finalement en France et à Lyon où son ascension dans le domaine de la transplantation et de l’urologie sera exceptionnelle :

  • Première greffe en Europe de Pancréas en 1976.
  • Mise au point de la greffe de pancréas segmentaire avec injection de néoprène.
  • Première greffe de rein et de surrénale chez un patient en dialyse et porteur d’une maladie d’Addison.
  • Première greffe de main en 1998 , puis première greffe bilatérale d’avant-bras en 2000.
  • Première greffe de face en 2005 avec Bernard Devauchelle.  

La communauté des transplanteurs lui doit notamment la création avec son ami Henri Kreis de la Société Française de transplantation -  qui deviendra Société Francophone en 2000 - la mise en place des cours Européens au travers d’Hesperis, des relations étroites et nourries avec la TTS et l’ESOT, la fondation de l’IPITA et de l’ISVCA, la création des registres internationaux de greffes de pancréas et de tissus composites. Géant parmi les pionniers, il sera un des très rares Français à recevoir pour ses contributions exceptionnelles dans le domaine de la transplantation le prix Medawar en 2008.

Au-delà de la transplantation Max Dubernard a aussi apporté d’immenses contributions en Urologie dans les domaines de l’instrumentation, de la microchirurgie,  de la chirurgie de l’artère rénale, du traitement des calculs, de l’endourologie de l’utilisation des ultrasons focalisés. Mobilisé pour un engagement politique dans une visée sociale, il sera député du Rhône de 1991 à 2007. Il terminera sa carrière professionnelle comme membre du collège de la Haute Autorité de Santé, agence qu’il avait participé à créer lorsqu’il était président des affaires économiques et sociales de l’Assemblée Nationale. Max aura passé sa vie à visiter des champs inexplorés et à transgresser les barrières pour porter la main à celles et ceux que la vie avait mis en disgrâce. 

« il n’y a pas de progrès possible sans transgression » disait-il comme  « il n’y a pas de grand projet sans rêve ».

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Sous des aspects bourrus, d’un caractère souvent impatient et quelquefois excessif, sa générosité et sa largesse de cœur ruisselaient néanmoins autour de lui. Il laisse pour les générations futures quelques jalons universels qui tirent l’Homme vers le haut : être en éveil pour comprendre le monde, être enthousiaste pour le transformer, travailler dur et en équipe pour parvenir à le changer et à faire bouger les lignes. Avoir une fidélité sans faille en amitié et vis-à-vis des convictions que l’on défend.

Un Immense bâtisseur et un formidable chef  d’équipe vient de nous quitter

Gageons que les générations futures sauront reconnaitre en lui au-delà des prouesses, un pionnier épris d’humanité et de justice, et que tous ensemble nous pourrons poursuivre avec nos propres talents dans l’esprit qu’il a souhaité nous transmettre.

Voilà surement la meilleure façon de lui rendre hommage

Pr Lionel BADET
Chef du service d’Urologie et de Chirurgie de la Transplantation, Lyon HEH
Vice-président de la SFT